Weekend à Lucknow

14 mars 2011

Ce weekend, nous étions invités au mariage du frère de Paman, à Lucknow. Nous nous sommes dit que c’était une bonne occasion pour visiter cette ville de l’Uttar Pradesh que nous ne connaissions pas du tout, et de faire de mini vacances le temps d’un weekend.
Nous voilà donc partis tous les quatre vendredi, en voiture pour Mumbai, puis en avion pour Lucknow. L’avion a cela d’étonnant avec Indigo, que nous payons pour Justine un prix bébé, alors qu’elle voyage sur mes genoux, et que la compagnie ne peut ni fournir de ceinture de sécurité pour elle, ni de coussin, ni de couverture ! « mais si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez nous appeler en appuyant sur ce bouton ». De quoi pourrais-je bien encore avoir besoin que l’on ne peut me fournir ?...

Bref, le weekend s’est avéré très très sympa, et Lucknow une très bonne destination de visite. Comme le dit si bien le Lonely Planet : « les nombreux bâtiments de l’époque du Raj britannique, les ruines de la Residency et deux superbes mausolées font de Lucknow une ville d’un grand intérêt historique, sans l’affluence touristique habituelle » ; voilà de quoi nous convaincre que cette ville est pour nous !

A notre arrivée à l’aéroport, le chauffeur de Paman vient nous chercher, pour nous emmener dans un premier temps chez lui. La maison familiale est une grande maison sur trois étages dans une petite ruelle résidentielle, non loin des travaux colossaux de construction d’un nouveau parc. D’ailleurs nous découvrirons vite que la ville est très moderne et en pleine expansion. Nous passerons dans une rue moderne comme nous n’en avons jamais vu en Inde. Tout ceci, Lucknow le doit à Mayawati, le chief minister de l’Uttar Pradesh. Elle est issue de caste intouchable, et brasse maintenant des millions en tant que politicienne à la tête de l’état UP. Nous sommes vite choqué quand on nous raconte que rien qu’avec l’argent du parc qu’elle fait construire (sol en marbre, statues colossales, des années de travaux etc) on pourrait construire des centaines d’hôpitaux, d’écoles, de km de routes… Elle fait de sa ville une ville à son image, avec des statues et des affiches d’elle partout, des ronds points avec des fontaines, des parcs et des bâtiments privés ou publics colossaux. Mais finalement, elle n’est pas vraiment décrié par les plus pauvres, qui sont fiers d’avoir une des leurs qui a si bien réussi et qui le montre, et quand on y réfléchi bien, même si il y en a beaucoup trop pour elle avec l’argent des contribuables (n’oublions pas que nous sommes dans une démocratie partout en Inde), au moins il y en a un peu pour la ville (certainement pas comme la plupart des politiciens, n’oublions pas le taux de corruption en Inde). Peut-être que nous ne vivons plus au temps des Maharajahs et leur palais, mais Lucknow comporte au moins les plus belles infrastructures que nous ayons vu en Inde. Enfin, c’est un grand débat, car il est certain que dans un tel pays, il y a d’autres priorités… Pour en lire un peu plus en français, voici le site d’aujourd’hui l’inde – Mayawati .

Bref, revenons-en à nos moutons, ou plutôt à notre première soirée à Lucknow. Après le traditionnel thé et avoir été présenté à la famille de Paman (y compris son frère qui se marie demain), celui-ci nous accompagne à l’hôtel. C'est l'heure du bain pour Justine, notre bébé tous terrains, qui se baigne partout, même dans une baignoire pourrie! enfin, du moment qu'il y a un saut assez propre!

Une fois bien installés, nous passons la soirée à la maison familiale. Une très bonne soirée, avec quelques amis. Justine passe la soirée a bien dormir dans le lit de la petite Lina qui elle crapahute partout. C’est assez sympa de rencontrer les principaux invités que nous reverrons le lendemain au mariage.

Après cette soirée bien arrosée, nous nous couchons tous vers 1h avec la crainte d’un vilain mal de tête (ce n’est plus de nos âges ! enfin, sauf moi bien-sûr !!)

Samedi après le petit déjeuner, c’est parti pour la conquête touristique ! Après la chute de l’empire Moghol, Lucknow devint en 1775 la capitale du royaume des nababs, qui en firent un centre culturel.
Mais nous commençons notre visite par la fameuse Residency, enclave britannique, avec les ruines bien préservées des divers bâtiments. Elle fut construite par le nabab local pour le résident britannique en 1800 et fut le théâtre du siège de Lucknow, l’un des évènements les plus dramatiques de la Grande Mutinerie de 1857 (suite à la révolte des Cipayes) avec 2000 assiégés morts. On trouve des traces de ces affrontements sur les bâtiments laissés tel quel après ces terribles évènements, et en particulier des impacts de balles et de boulets de canons.

Nous visitons le musée, avec portraits, histoire du siège et costumes d’époque et nous baladons dans les jardins très agréables et à travers les ruines de la mosquée, de l’église, de la salle des banquets, etc. La visite d’un endroit fermé comme le musée peut s’avéré risqué avec un bébé dans les bras si on ne veut pas être assailli par les autres visiteurs (indiens). Mais finalement, les meneurs de groupes sont très gentils et comprennent vite qu’on ne veut que l’on touche notre fille, et font passer le message !

C’est tellement agréable de se promener alors qu’il ne fait pas encore trop chaud dans ce jardin propre et bien entretenu. Pourtant, il ne faut pas trop s’éloigner des bâtiments historiques, car la réalité indienne nous rattrape vite avec ses détritus lâchement abandonnés sous les arbres qui n’ont rien demandé…

La suite de notre visite nous mène à Bara Imambara, un immense tombeau érigé dans les années 1780, qui comporte de jolies cours, deux imposantes portes, un grand puis et une mosquée. C’est un peu compliqué pour trouver où acheté les billets alors que nous avons raté la billetterie à l’entrée, mais nous parvenons finalement à faire la visite, en commençant par le puis. C’est un puis à marche dans lequel on peut descendre et où il fait bien frais, et dont on peut faire le tour.

La visite de la pièce principale du tombeau est immense et en effet l’une des plus grandes galeries voutées au monde. Mais ce qui devient intéressant (au début), c’est la visite du labyrinthe pour accéder aux toits et à la coursive en haut de la salle. Même si on peut s’y balader seuls, ce que nous avons préféré faire, il s’agit bien d’un labyrinthe de couloirs et d’escaliers sans queue ni tête et nous avons bien moins fait les malins quand il a fallu en sortir ! Mais nous avons pu admirer la vue magnifique depuis les terrasses des toits, et sur l’insistance de Mathilde trouvé la salle principale. Même si finalement, ni elle, ni moi ne nous seront aventuré sur ce minuscule balcon avec sa minuscule balustrade à 15m du sol !!

Que ce soit à Bara Imambara ou dans les autres Imambara que nous visitons ensuite, les jardins sont splendides, l’architecture magnifique et les intérieurs colorés avec des lustres dans tous les sens…
Un vrai plaisir pour nous de découvrir toutes ces richesses.

Mais rappelons qu’il s’agit du premier weekend touristique de Justine. Alors, visiter l’Inde entre adulte on connaît, mais qu’en est-il avec notre –adorable– bébé de 5 mois ? Pour elle, tout va bien : une fois dans les bras de papa, une fois dans les bras de Manu. Chapeau, lunettes de soleil, dévêtue le plus possible contre la chaleur, mais protégée du soleil, elle dort ou observe autour d’elle et rigole. Un ange. Plus difficile à gérer, et vous l’aurez compris (en particulier ceux qui sont déjà venus nous rendre visite), les indiens, leur curiosité, leurs mains et leur appareil photos. Vous trouvez qu’on vous prend souvent en photos quand vous vous baladez en Inde ? Attendez donc d’avoir un bébé tout blanc, tout blond ! Comme à Nashik, certains ne comprennent pas l’injonction « don’t touch !! » et tentent quand-même le coup (toujours au visage), d’autres oublient que le bébé ne se déplace pas seul mais est bel et bien porté par une personne, à qui on peut parler, comme cet homme qui a pris Olivier par les épaules pour le tourner face au soleil, afin que Justine soit en pleine lumière (comprenez soleil ardent) pour sa photo !

Avant de rentrer à l’hôtel, nous demandons à notre chauffeur de nous montrer un bon restaurant, et nous pouvons manger tranquillement, à l’abri de la chaleur. Ca épuise les visites ! Après le déjeuner (à 16h !), nous rejoignons l’hôtel et laissons Mathilde et Manu explorer la magnifique rue commerçante (dois-je le redire, la plus belle jamais vu (par nous) en Inde). Ils nous rapporterons quand-même quelques désagréments comme les passages piétions qui commencent d’un côté de la route, mais atterrissent face à une barrière de l’autre, et les innombrables mendiants qui ont bien compris où aller chercher les riches (mais qui ne profitent apparemment pas autant de l’essor de la ville…).

Le soir, nous retrouvons tous le monde sur le chemin du lieu du mariage pour le traditionnel défilé en dansant dans la rue, comme on le trouve chez nous dans le Maharashtra également. Le défilé est bien équipé en musique, avec un camion qui porte la sonne et les enceintes pour un son ultra saturé qui ne nous permet pas d’entendre la musique, mais juste un bourdonnement à rendre sourd (sans exagération). Derrière le camion, suit le cortège du marié, avec famille et amis proches qui dansent, ainsi que les musiciens, qui nous donnent un peu d’intermittence avec de jolis rythmes dans la musique du camion s’arrête (ça fait du bien aux oreilles). Les danseurs sont encadrés de jolis lumières, de grosses installations lumineuses électriques reliées entre elles par de gros câbles et portées par… des porteurs. Voilà bien un drôle de métier, qui accentue tout le contraste entre les riches qui dansent et les pauvres qui portent… Tout cela suivi du groupe électrogène qui dégage une fumée dense et enfin de la voiture du marié.

Je me doutais bien de ce qui nous attendait avec le cortège (devenir sourd), et ça m’inquiétait un peu avec Justine. Au début je voulais rester en retrait pendant qu’Olivier, Mathilde et Manu rejoignaient les invités pour danser, mais je me suis dit que respirer la fumée du groupe électrogène n’était surement pas mieux. Alors finalement, je me suis joint à la foule sous la musique assourdissante, Justine sur mon ventre dans le porte-bébé, et un doigt sur chaque oreille pour la protéger. Je crois que ça a bien marché !

La réception a lieu en plein air, dans un magnifique cadre de lumière et de scintillement. Un décor enchanteur, qui s’accorde parfaitement avec l’éclat des saris. Je trouve en effet que les femmes portent des saris encore plus élégants que ceux dont nous avons l’habitude, tous couverts de brillants.

La soirée se déroule dans ce beau décor sensiblement comme tous les mariages que nous avons connus jusqu’ici : nous nous installons à une table pour manger pendant le défilé des invités sur l’estrade pour la photo avec les mariés, quand vient ensuite notre tour. Il faut noter que malgré l’air triste de la mariée, il s’agit d’un mariage d’amour. Nous nous sommes alors demandé s’il n’était pas de tradition pour la mariée d’arboré cette mine déconfite même si elle est heureuse de se marier, comme nous l’avons entendu dans certaines régions. Apparemment non, et on nous a dit que c’était certainement car elle était stressée… Passons.

Les stands de repas sont très bien élaborés et très bons, mais vite dévalisés et nous n’avons presque plus rien à manger lorsque nous allons chercher notre repas un peu tard.
Justine s’endort rapidement dans nos bras, et nous l’installons confortablement sur deux chaises.
Dimanche, après le petit déjeuné, direction l’aéroport pour rentrer à Mumbai puis Nashik.