Quelques huttes pour un village
Par l’intermédiaire de Julia,
nous avons rencontré Odette, une indienne qui vient de rentrer de France avec
son copain, Nicolas. Ses parents ont « adopté » un village en pleine
campagne, afin de les aider un peu à vivre. Comme il nous restait quelques
vêtements à donner, et que nous sommes toujours intéressés pour essayer de
faire quelque chose, nous sommes allés à ce village samedi.
En voiture tous les cinq, pour
presque deux heures de route à travers la campagne, après avoir acheté des
légumes et autres rations.
Nous nous rendons tout d’abord à
l’école (qui a été montée par les parents d’Odette), où l’instituteur nous
attend pour nous faire visiter. Un hôpital est en construction juste à côté,
qui aura deux chambres. L’école fonctionne depuis quelques années maintenant,
et remporte un bon succès, puisque les enfants des villages alentour y viennent
plutôt que de fréquenter leur école publique.
Nous descendons au village à
pieds, suivis par quelques enfants. Ce n’est pas vraiment un village, mais
plutôt un hameau. Huit familles vivent dans ces huttes en terres. Plusieurs
sont polygames. Seuls deux hommes sont présents, les autres sont au travail,
dans les champs ou les villages alentour. Les enfants, les mamans veillant sur
eux et les vieilles sont là pour nous accueillir.
Je pense que c’est la première
fois que nous approchons la misère d’aussi près… Sans électricité et sans eau, la vie du hameau n'est pas aussi paisible qu'elle n'y parait...
Nous visitons plusieurs maisons. Bien agencées, avec le toit très bas, par soucis de
construction et de fraicheur, mais aussi avec des portes encore plus basse,
afin d’être toujours humble en entrant dans la maison. Une première pièce sert
d’entrée et de chambre, puis la cuisine et pièce commune, qui sert évidemment
aussi de chambre. Sur le côté, les bêtes sont au frais à l’ombre.
Dans une des maisons, nous découvrons un tout petit bébé de trois jours à peine. Moment très émouvant, et nous avons tous la gorge serrée et la larme à l’œil… C’est le quatrième bébé de la famille. La maman n’a pas de lait pour le nourrir. Depuis sa naissance, il boit de l’eau, du lait de vache… Il est vraiment minuscule et dort paisiblement, nous sommes rassurés en voyant sa respiration régulière… Le papa nous implore de le l’emmener avec nous car ils n’ont pas assez d’argent pour le nourrir. La maman ne dit rien, mais elle ne semble pas vouloir que son bébé parte. S’entame alors la discussion de la contraception et surtout de ne plus faire de bébé… Délicat à faire comprendre. Odette dit qu’elle en parlera à ses parents. Pour une aide plus rapide, l’instituteur descend ce soir sur Nasik, et il rapportera du lait pour nourrisson. Nous sommes quelques peu rassurés…
Nous finissons la visite du village, après avoir rencontré une vieille qui s’est faite opéré des yeux, mais ne voit de nouveau plus rien, et qui ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas mourir aussi vite qu’elle est venue au monde… Entre nous, je n’ose pas imaginer l’âge qu’elle a : 60 ans peut-être, pas bien plus…
Avant de remonter à l’école pour le partage de la nourriture que nous avons amenée, nous distribuons les bonbons aux enfants, qui ne comprennent pas trop, mais sont un peu moins sauvages.
A l’école, nous faisons un tas par famille, et les enfants emmènent les provisions chez eux. L’instituteur se chargera de regarder, trier et distribuer les vêtements. Il faut faire attention à être bien équitable pour tous.
Puis, nous partons pour notre
pique-nique au bord du lac un peu plus bas. Une fillette du chantier demande à
sa maman si elle peut nous accompagner. Nous n’en revenons pas de son courage,
et de sa curiosité ! C’est vraiment amusant de l’embarquer avec nous dans
le gros quatre-quatre. C’est la plus grande des filles de cette dame, mais elle
n’entend pas bien et ne sait pas parler. Par contre, c’est la plus soignée,
bien coiffée, avec une jolie tenue et un beau sourire.
Elle rigole bien avec nous, et goûte
à presque tous nos plats, même le saucisson !
Hmm, que nous sommes bien à l’ombre de ces arbres, au bord de l’eau. Petite sieste après manger, pour mieux cogiter sur ce que nous venons de vivre… Puis Nicolas décide de se baigner, et il est vite rejoint par Olivier. Fou rire général quand les vaches qui passent par là semblent vouloir les rejoindre !
Puis nous rentrons, contents de notre journée, mais plein de questions. Nous sommes contents d’avoir gardé des vêtements pour ces gens qui en ont bien besoin, ainsi que de leur avoir apporté un peu de légumes. Mais je n’imagine pas le nombre de personnes vivant dans ces conditions… Je comprends mieux aussi pourquoi on nous dit que dans les campagnes, les pauvres sont encore plus pauvres : sans eau, sans électricité, avec la sécheresse de l’été, et pas vraiment de travail… Pas toujours drôle l’Inde. Mais nous sommes heureux de ses rencontres, et d’avoir provoquer des sourires !